Transition vers le bio et fluctuation des cours : les fermiers sous pression

11 février 2022

Chacun Son CafĂ©, entreprise B Corp, dĂ©veloppe un modĂšle Ă©conomique unique pĂ©renne pour les fermiers, durable pour le climat et rentable pour Chacun Son CafĂ© : One Cup, One Cent. A chaque tasse, un centime est reversĂ© aux communautĂ©s locales dans la construction de pratiques agricoles rĂ©gĂ©nĂ©ratrices qui soutiennent le climat, la biodiversitĂ©, l’élimination de la pauvretĂ© et garantissent l’alimentation de demain. Chacun Son CafĂ© intervient dans une zone stratĂ©gique, le Bassin du Congo, 1er poumon de la planĂšte, avec le projet ACT FOR NOUN au Cameroun. Nous partageons rĂ©guliĂšrement les actualitĂ©s du projet sur ce blog.

Ce dĂ©but d’annĂ©e est marquĂ© par une attaque de chenilles particuliĂšrement problĂ©matique pour les membres de la coopĂ©rative Terra Noun. Elles grignotent les feuilles de cafĂ© puis s’attaquent Ă  l’arbre. Un alĂ©a dĂ» Ă  la transition des plantations vers le Bio, qui les rend un peu plus fragiles qu’à l’accoutumĂ©e. Les fermiers se voient obligĂ©s d’appliquer des produits chimiques assez forts.

La transition a dĂ©butĂ© en mai dernier, aprĂšs qu’un agronome français a Ă©tĂ© dĂ©pĂȘchĂ© spĂ©cialement pour apprendre aux fermiers Ă  fabriquer leur propre engrais Bio. Les plantations ont fait l’objet d’un sevrage progressif pour remplacer les engrais chimiques avec l’engrais naturel.

Mais la transition vers le Bio n’est pas un long fleuve tranquille !

Ce que l’on ne savait pas : lorsque l’on transite vers le Bio, les rendements baissent. Alors mĂȘme lorsque l’on est certifiĂ© Bio, on peut profiter d’une exonĂ©ration en cas d’attaques de nuisibles problĂ©matique pour la rĂ©colte. Il s’agit d’interventions chirurgicales ponctuelles et efficaces.

En effet, si, Ă  terme, la vente de cafĂ© Bio rapportera davantage au cultivateur, la pĂ©riode transitoire est problĂ©matique d’un point de vue Ă©conomique. GrĂące Ă  ce traitement, les cafĂ©s vont pouvoir ĂȘtre cueillis trĂšs prochainement pour ĂȘtre usinĂ©s, triĂ©s, emballĂ©s et acheminĂ©s en France.

Une hausse des prix qui met la coopérative en difficulté

Autre problĂšme rencontrĂ© en ce moment : en plus de la transition vers le Bio, les fermiers subissent une pression forte Ă  cause de la fluctuation des prix du café  car le prix du cafĂ© a augmentĂ© de 50% en 2021 ! En cause, de forts Ă©pisodes de gel au BrĂ©sil et des troubles politiques et sociaux en Colombie, qui ont Ă©galement fait grimper le coĂ»t du transport.

Lorsque le prix du cafĂ© augmente aussi brutalement, des spĂ©culateurs entrent en jeu sur le marchĂ©, proposant des prix d’achats Ă©levĂ©s aux fermiers. La tentation est grande de cĂ©der Ă  la pression et de vendre plus cher que le prix fixĂ© par la coopĂ©rative. Le problĂšme : ces transactions se dĂ©roulent hors circuit de la coopĂ©rative, qui a dĂ©jĂ  reçu des prĂ©-commandes de cafĂ© avec ses partenaires rĂ©guliers.

Mais les fermiers n’ont pas intĂ©rĂȘt Ă  sortir du circuit de la coopĂ©rative qui leur garantit l’apport de matĂ©riel, d’engrais et la formation nĂ©cessaire Ă  la transition vers le Bio, et leur donne gratuitement les arbres fruitiers qui vont garantir la bonne transition vers l’agroforesterie pour la permaculture du cafĂ©. Il s’agit pour la coopĂ©rative de faire entendre raison aux fermiers, en Ă©tant trĂšs attentifs, par la nĂ©gociation et l’échange.

« Ce qui va faire pencher la balance en notre faveur, c’est cette boite Ă  outils bien fournie qui fait que le paysan va s’interroger et prĂ©fĂ©rer ne pas agir en dehors de la coopĂ©rative. On doit pouvoir suivre la plantation, fournir la bonne qualitĂ© d’engrais, la bonne quantitĂ© et s’assurer que c’est fait au moment opportun. Le paysan est prĂ©-financĂ© pour l’engrais et il payera pendant la rĂ©colte quand il aura l’argent Â», prĂ©cise SoulĂ© Fondouo, Ă  la tĂȘte de la coopĂ©rative.

« Il faut trouver les bons outils pour qu’ils ne retournent pas vers le chimique : on essaye de faire la pub au village avec la distribution d’engrais, on dĂ©veloppe des partenariats avec de belles marques pour trouver des dĂ©bouchĂ©s aux produits des arbres fruitiers. Pour ces marques, c’est l’assurance d’un produit Ă©cologique, Ă©conomique et Ă©quitable. Pour les paysans, c’est l’assurance d’une plantation rentable. A partir de fĂ©vrier il a le revenu des fruits jusqu’à aoĂ»t et en novembre il a le revenu du cafĂ©.  C’est notre objectif : construire un dispositif qui puisse ĂȘtre rentable maintenant pour le paysan. Â»

A bientĂŽt pour de nouvelles actus !