Compensation écologique des startups : comment avoir un vrai impact ?
23 juillet 2023Changement climatique, épuisement des ressources planétaires, pollution chimique ou encore dégradation de la biodiversité sont autant de problématiques appelant une réaction urgente. Avec la pression qui ne cesse de s’accroître sur l’adoption d’une stratégie de transition écologique, de plus en plus d’acteurs, notamment des dirigeants d’entreprise et de start-ups, se mobilisent pour améliorer leur impact sur l’environnement. Que ce soit en Europe ou ailleurs, différentes solutions sont proposées pour réduire et améliorer l’impact écologique, mais l’une d’elles a particulièrement le vent en poupe : la compensation écologique. En quoi cela consiste ? Qui en sont les acteurs ? Comment procéder pour que la compensation écologique des start-ups ait un réel impact ? Éléments de réponse.

Sommaire
- Le principe de la compensation écologique
- 1 Un principe de la loi pour la reconquête de la biodiversité
- La compensation écologique chez les startups
- Que penser de la compensation écologique ?
- Qui sont les acteurs de la compensation écologique ?
- Quelles mesures pour compenser l’impact écologique de ma startup digitale ?
- 5 exemples de startups à impact écologique
1. Le principe de la compensation écologique
La compensation écologique correspond à la dernière étape de la séquence ERC ou Éviter, Réduire, Compenser, inscrite dans une démarche de développement durable. Il s’agit d’une règlementation imposée aux maîtres d’ouvrage dans le cadre de la réalisation d’un projet (création d’infrastructures, urbanisme, etc.) ou d’un programme, impactant potentiellement ou inévitablement la biodiversité. La compensation intervient lorsque les impacts négatifs de ce projet n’ont pas pu être évités ou réduits. Son objectif repose sur la réconciliation des enjeux de croissance économique et de développement social d’une entreprise, avec les enjeux de préservation de la biodiversité.
1.1. Un principe de la loi pour la reconquête de la biodiversité
Pour garantir son efficacité et faciliter sa mise en œuvre, la compensation écologique est encadrée par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Promulguée le 9 août 2016, cette loi indique que les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité sont mises en place afin d’aboutir à une absence de perte nette, voire de gain de biodiversité. Il s’agit de contrebalancer les impacts négatifs résiduels, directs ou indirects, identifiés sur les écosystèmes. En somme, le maître d’ouvrage est tenu de restaurer un milieu naturel perdu suite à la mise en place d’un projet ou d’un programme.
Suivant la loi pour la reconquête de la biodiversité, la compensation écologique se base aussi sur les principes suivants :
- Les phases d’évitement et de réduction sont obligatoires ;
- L’obligation de résultat ;
- La mise en œuvre des mesures compensatoires sur le site endommagé ou à proximité pour pérenniser leurs fonctionnalités.
Pour mettre en place des mesures compensatoires effectives, les personnes publiques ou privées peuvent effectuer des opérations de restauration, de réhabilitation ou de développement d’éléments de biodiversité appelés « sites naturels de compensation ».
1.2. La compensation écologique chez les startups
Pour rappel, une startup se définit comme une jeune « entreprise » en cours de développement, dont le modèle de finance est basé sur les levées de fonds. Moteur d’innovation, la startup dispose en général d’un potentiel de croissance élevé. Si certaines disposent déjà d’une activité à impact, d’autres cherchent à réduire la leur. Pour cela, de nombreuses start-ups possèdent aujourd’hui une politique interne de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). Comme le développement durable, cette politique est basée sur trois piliers : économique, environnemental et social. Cela peut se traduire par la mise en place de différentes actions comme l’établissement d’une politique de gestion des déchets ou des actions de lutte pour le climat. Les startups peuvent aussi mettre en place des mesures de compensation écologique grâce à des actions ou un engagement position pour l’environnement. Certaines jeunes entreprises développent des innovations environnementales et sociales, et mettent le numérique au service de la transition écologique.
2. Que penser de la compensation écologique ?
Au vu de la stratégie environnementale de nombreux acteurs effectuant la compensation écologique, ces mesures sont souvent pratiquées dans un but palliatif. Au lieu d’être investies dans les moyens d’évitement et de réduction des impacts, toutes leurs ressources (argent et énergie) sont consacrées aux mesures de compensation. Ces dernières ne doivent pourtant être appliquées que pour les dommages inévitables ou incompressibles. Pour certains dirigeants d’entreprise, la compensation écologique constitue plutôt un moyen de donner l’illusion d’adopter des mesures pour le développement durable et de mettre en place des actions écologiques. À titre d’exemple, bon nombre d’entreprises affirment être neutres en carbone. L’on se demande ainsi d’où viennent les plusieurs milliards de tonnes de CO2 s’ajoutant chaque année dans l’atmosphère et aggravant davantage la crise relative au dérèglement du climat.
Pour que la transition écologique soit vraiment effective, se concentrer et investir dans d’autres actions, autres que des projets de compensation, pour réduire les impacts environnementaux, est aujourd’hui primordial.
3. Qui sont les acteurs de la compensation écologique ?
La mise en œuvre de la compensation écologique implique les acteurs répertoriés dans le tableau suivant :
Acteurs | Rôles |
Maître d’ouvrage (État, collectivité territoriale, particulier, société privée) | À l’origine d’un projet d’aménagement, de la construction d’une route, d’un bâtiment, etc.En charge de l’application des mesures compensatoires. |
Maître d’œuvre (entreprises de construction, bureaux d’études, architectes) | Conception et mise en œuvre du projet à l’origine de l’impact sur la biodiversité. |
Opérateur de compensation (associations de protection de la nature, bureaux d’études en ingénierie écologique, gestionnaires de site) | Réalisation et coordination à long terme des compensations écologiques pour le compte du maître d’ouvrage. |
4. Quelles mesures pour compenser l’impact écologique de ma startup digitale ?
Les mesures pour compenser l’impact écologique d’une startup digitale peuvent prendre différentes formes :
- Favoriser l’agroécologie : dans le cadre d’une opération de compensation écologique, l’adoption de pratiques vers l’agroécologie représente un avantage écologique considérable. La transition agroécologique permet d’améliorer les fonctions et services écosystémiques (lutte contre les ravageurs, pollinisation, régulation du cycle des nutriments, séquestration du carbone, etc.) apportés par les parcelles agricoles.
- Mettre en place des travaux de restauration des milieux affectés : réintroduction d’espèces végétales ou animales, confortements des populations, etc.
- Effectuer des opérations de gestion de conservation et/ou de restauration.
- Réaliser des opérations de protection comme la création d’une réserve naturelle.
- Miser sur des processus immatériels comme la sensibilisation ou la formation des gestionnaires et des usagers de sites.
5 exemples de startups à impact écologique
Selon la 3ème cartographie des entreprises à impact dévoilée en 2022 par France Digitale et Bpifrance Le Hub, la French Tech compte plus de 1 000 start-ups à impact. Pour rappel, une startup à impact désigne une entreprise à caractère technologique ou innovant, dont les objectifs économiques, environnementaux ou sociaux sont au cœur des activités.
Ces jeunes pousses proposent des innovations et solutions technologiques destinées à répondre aux objectifs de développement durable de l’ONU. La moitié d’entre elles respectent au moins l’un des deux objectifs suivants :
- Lutte contre les dérèglements du climat ;
- Établissement de modes de consommation et de production durables.
Ci-dessous 5 exemples de start-ups à impact écologique (réduction de l’empreinte environnementale et de l’impact carbone, consommation responsable, etc.) :
- Lizee : cette start-up est active dans le secteur de l’économie circulaire clé en main. Lancée en 2019, elle propose une plateforme de location et de vente de seconde main.
- Aktio : elle figure parmi les start-ups œuvrant dans la mesure de l’impact environnemental et de l’empreinte carbone des entreprises. Créée en 2020, elle aide les entreprises à mesurer leur empreinte carbone sur les scores 1, 2 et 3 grâce à une solution logicielle permettant de cartographier leurs flux.
- Lemon Tri : cette start-up figure parmi les entreprises prônant la consommation responsable et limitant l’empreinte carbone. Fondée en 2011, elle collecte les déchets des collectivités, des entreprises ou encore des universités abonnées à leur service grâce à des bacs et des machines de tri. Les déchets collectés passent par une étape de tri avant d’être transformés en vue d’un réemploi et d’un recyclage.
- Enogia : répondant aux enjeux majeurs de la transition énergétique et écologique, Enogia fait preuve d’innovation en proposant une technologie unique et brevetée de micro-turbomachines légères, compactes et durables. Grâce aux systèmes ORC (Organic Rankine Cycle) d’Enogia, ses clients produisent de l’électricité décarbonnée en convertissant la chaleur et valorisent les déchets.
- Urb-it : dans l’univers du transport et de la mobilité verte, Urb-it aspire à décarboner la livraison grâce au vélo. La start-up suédoise propose un service de livraison de colis aux entreprises et aux particuliers par vélo cargo. Cette entreprise est présente dans différents pays d’Europe, dont la France, l’Espagne et l’Angleterre.
Qu’il s’agisse d’une start-up ou d’un autre type d’entreprise, la compensation écologique ne donne en aucun cas le droit de détruire. Pour qu’une entreprise ait un réel impact positif sur l’écologie, il est important de remettre la compensation écologique à sa vraie place, soit comme ultime recours – tout comme avant de recycler, nous devons apprendre à réduire ce que nous consommons et réutiliser ce que nous avons (c’est la fameuse « règle des 3R »). D’ailleurs, au-delà des start-ups à impact, de nombreuses entreprises existent déjà pour nous aider à réduire notre empreinte carbone. Pour n’en citer qu’une, on vous recommande de découvrir Gobilab, qui propose des produits réutilisables fabriqués en France pour supprimer le jetable dans les entreprises (avec des gourdes, couverts ou encore lunch box bien pensés). Simple et pourtant efficace non ?