Remise du Grand Prix de la Good Economie au Cameroun : quand la reconnaissance internationale donne des ailes !
1 décembre 2021Suite à la remise du Grand Prix de la Good Economie en octobre 2021, Soulé Fondouo, fondateur de la coopérative Terra Noun, s’est envolé fin novembre pour le Cameroun afin de le remettre aux véritables protagonistes du projet de transformation agricole : les petits cultivateurs de café de la Région du Noun. Nous l’avons appelé suite à la cérémonie de remise du prix organisé au village de Mbamkouop pour recueillir son témoignage. Si la connexion téléphonique était plus que bancale, la joie des fermiers, elle, était plus que palpable.
Bonjour Soulé ! Comment s’est passé l’arrivée du prix de Grand Prix de la Good Economie au village ?
Le timing était parfait ! J’ai profité de mon voyage au Cameroun prévu pour superviser la récolte de café annuelle pour organiser une remise des prix un peu officielle. J’ai rassemblé tout le monde autour d’une dégustation de café. La plupart des gens ne l’avait jamais goûté, ou alors toujours avec du sucre ! Pour eux le café, c’est un truc « de blanc ». Finalement, ils étaient très émus de se rendre compte qu’ils avaient un bon produit entre les mains.
Comment ont-ils réagi à cette remise de prix ?
Ils ont été surpris et surtout impressionnés par le jury. C’est un honneur pour d’avoir été choisis parmi de grosses sociétés qui concouraient en même temps que nous.
Est-ce que c’est aussi perçu comme un « truc de blanc », ou bien ce prix a bien un impact ?
Ce prix a un impact qui a largement dépassé mes espérances. En fait, il vient conforter et confirmer le discours que je leur tiens depuis 2013. Là où ils se disaient avant « cette méthode, c’est le truc de Soulé », maintenant, ils ont la confirmation que cela va au-delà.
Pour eux, c’est difficile à comprendre car pendant des années, les européens leur ont demandé de pratiquer la monoculture. On leur disait qu’ils ne pouvaient pas planter d’arbres fruitiers, et maintenant je leur demande de le faire ! Alors vous pensez bien que d’avoir ce trophée entre les mains, c’est une belle confirmation qu’ils sont sur la bonne voie.
Au-delà de ton discours, voient-ils déjà les effets du changement climatique ?
Bien sûr. La récolte de cette année a dû être anticipée. Ils voient aussi des effets sur le rétrécissement de la saison des pluies. C’est déjà chez eux. Je leur dit que s’ils ne veulent pas que la saison des pluies se rétrécisse encore davantage, il faut inverser la tendance maintenant en changeant de comportement dans les champs.
Aussi, je leur explique que ce qu’ils font au Cameroun a des effets bien au-delà. Que quand ils plantent des arbres, cela a des conséquences ailleurs.
L’obtention de ce prix va-t-il avoir des conséquences sur le projet ?
Et comment ! Depuis quelques jours, je reçois un nombre incalculable de candidatures pour intégrer la coopérative ! On était 250 il y a encore deux mois, et là on va atteindre le millier !
Ce prix m’aide parce que le discours qu’on tient depuis longtemps avec la coopérative commence à prendre, et ça passe par la preuve.
Il y a plein de gens ici qui ont des parcelles mais qui manquent de motivation. Cette reconnaissance leur donne des ailes. J’ai des témoignages de paysans qui ont renoncé à couper leur pied de caféier après la remise du trophée.
Ça paraît fou alors que tu prêches pour l’agroforesterie depuis 7 ans maintenant !
Une reconnaissance internationale, c’est tout ce dont nous manquions.
C’est un bon signe pour les fermiers, qui voyaient bien que certains s’y mettaient, mais qui ne se sentaient pas encouragés dans leur démarche par le gouvernement, les institutions… le fait de recevoir un prix international montre qu’il y a des échos au-delà du village, et ça les encourage. Les fermiers mesurent l’importance de ce qu’ils font en fonction de ceux qui consomment le fruit de leur travail.
Le prix agit sur le comportement de nos membres. Debonheur, par exemple, a demandé que je lui fasse tirer une photo, non pas parce que il veut une photo, mais pour que ses enfant sachent ce qui était important, quand il ne sera plus là. »
Où se trouve le prix maintenant ?
Le prix est maintenant chez Gagu Issa, qui est en boubou jaune sur les photos. C’est le doyen de la coopérative.
As-tu d’autres actus de la coopérative à nous transmettre ?
Oui ! La coopérative a lancé un prix d’excellence pour encourager les plus méritants. C’est important car c’est vraiment ce système de récompense « au mérite » qui développe une émulation positive au sein de la coopérative.
Sur le volet social, nous allons doter l’école d’une nouvelle salle de classe. Aujourd’hui, il y a deux classes dans une même salle et les enfants sont trop nombreux.
Je suis aussi en train de rédiger un protocole d’accord pour venir en aide aux jeunes filles dans les deux écoles les plus démunies de la zone.